Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/388

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prenez si haut, cette fois ? Si vous faites le brutal, je ne vous prierai plus à boire !

FLORIMOND.

Tu me rendras service ; mais, aujourd’hui, tu marcheras au même pied avec moi. Mort de ma vie ! j’ai du chagrin, de la colère, et votre face de parchemin, vraie médaille de damné, me fait sortir de mes gonds ! Sus, sus ! tire-laine, pince-maille, claque-dents, pleure-pain, mouche de cuisine ! emplissez-moi cette vieille urne funéraire ! (Il le force à boire.)

DESŒILLETS, qui commence à être ivre.

Je fais tout ce que tu veux, taquin ! mais, vrai, j’en ai assez, j’ai mal à la tête !

FLORIMOND, debout, lui entonne du vin en le collant contre la muraille.

Bois tout, ou tu te feras gâter !


Scène VI

ERGASTE, FLORIMOND, DESŒILLETS.

Ergaste, qui, de l’entrée du fond, s’est arrêté pour voir la fin de la scène précédente, vient sans bruit derrière Florimond et lui touche l’épaule. Florïmond, se retournant brusquement, lâche Desœillets, qui retombe sur sa chaise à demi ivre et l’air accablé.

FLORIMOND.

Eh ! te voici, enfin, toi ! Où as-tu passé, depuis trois jours qu’on ne t’a point vu ? Tu abandonnes tes amis dans la peine ? Ce n’est point beau.

ERGASTE.

Tu appelles cela être dans la peine, toi, quand je te trouve en si bonne compagnie de personne et de bouteille ? (Bas.) Ne me fais point de question, j’apporte du nouveau. (Haut.) Buenos dias au père Desœillets, l’homme de jugement par excellence !