Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/61

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BERNARD, égaré.

La mer !… l’oubli, le repos !… Le vent est bien triste cette nuit ! Il chante des airs à rendre fou !… Il dit des paroles à se donner au diable ! Le diable ! Lui seul, on dirait, se mêle de nos affaires !

LE DRAC, ne pouvant contenir sa joie.

Oui, le diable, le diable ! le parrain de ceux qui croient au mal !

BERNARD.

Ah ! mais c’est de vraies paroles que j’entends, je ne rêve pas. (Il se retourne et voit le Drac, qui change aussitôt d’attitude et d’expression.) Tiens, c’est toi qui es là, petit ? Qu’est-ce que tu disais donc ?

LE DRAC.

Moi ? Rien ; qu’est-ce que vous voulez que je dise ?

BERNARD.

Je veux… oui, je veux que tu me dises la vérité, car tu la sais.

LE DRAC.

Quelle vérité ?

BERNARD.

Oh ! tu me l’as donnée à entendre tantôt !

LE DRAC.

À entendre ? Non, je vous ai dit clairement que Francine ne vous aimait plus.

BERNARD.

Et t’as eu peur d’en trop dire. T’as fini par te moquer de moi en te donnant pour l’amoureux…

LE DRAC.

Oh ! ça, c’était une plaisanterie.

BERNARD.

T’as pas besoin de le dire ; mais, à c’t’ heure, je ne ris plus, et je te défends de plaisanter. Comment s’appelle-t-il, l’amoureux de Francine ? Allons, vite, dis !

LE DRAC.

Comment il s’appelle ? J’sais pas.