Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/154

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j’aspirais à prononcer des vœux. Ma belle-mère a compté là-dessus ; aussi, quand j’ai refusé de m’engager tout à fait avant ma majorité, a-t-elle eu grand’peur de me voir disposer de ma fortune en faveur de quelque communauté, et s’est-elle un peu fâchée avec la supérieure des dames de Clermont, qui ne voulait pas me trop presser. Moi, j’avais mon idée que je n’ai dite à personne et que je songe encore à réaliser. Je veux ravoir mes biens, et peut-être alors fonderai-je une compagnie de saintes filles que j’établirai à Nives pour prendre soin des pauvres et des malades et pour élever les enfants. Elles ne seront pas cloîtrées, et nous courrons sans cesse la campagne pour porter des secours et faire de bonnes œuvres. De cette manière-là, il me semble que je serai parfaitement heureuse. J’appartiendrai à Dieu, et j’aurai pour règle unique la charité, sans m’enfermer vivante dans une tombe où le cœur risque de s’éteindre avec la raison. Vous voyez donc bien, mon bon Jacques, qu’il ne faut pas vous agenouiller devant moi comme devant une sainte, car je ne le suis pas encore, ni me baisotter les mains comme à une belle madame, car je ne le serai jamais.

» Voilà le thème de mademoiselle de Nives, et, si vous la voyez, vous saurez qu’elle ne veut pas se décider encore à le modifier. Vous me direz