Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/156

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traîner dès que l’exaltation religieuse la portera ailleurs. Elle est folle de la danse, de la toilette et du plaisir. À Paris, dès le premier soir, elle voulut aller au spectacle et y retourner tous les soirs pour voir des décors, des ballets, l’opéra, la féerie. Point de pièces littéraires, point de drames de passion, encore moins de gravelures. Elle n’y comprenait goutte, elle y bâillait ; mais les palais enchantés, les grottes de sirènes, les feux de bengale, c’était de la joie, du délire. Je louais une baignoire bien sombre, je m’engouffrais là-dedans avec une perle de beauté, mise à ravir, et les ouvreuses, qui seules voyaient sa charmante figure dégagée de ses voiles épais, souriaient à mon bonheur, tandis que moi je jouais le rôle d’un grand cuistre condamné à expliquer les ficelles et les machines à une enfant de sept ans ! Vous riez, mon oncle, n’est-ce pas ? »

— Mais oui, je ris, je trouve que c’est la punition bien méritée d’un don Juan du quartier latin qui se mêle d’enlever une novice, sans se douter de quelle espèce d’oiseau il se charge ; mais allons au fait, a-t-elle consulté à Paris ?

— Parfaitement ! elle a, au nombre de ses bizarreries, l’intelligence surprenante des affaires et la mémoire facile des termes de droit qui s’y rattachent. Elle a consulté maître Allou et sait maintenant sa position sur le bout de son doigt.