Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/161

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m’accusant de m’être laissé attarder par un client, maugréait pour la cent millième fois contre les plaideurs et les avocats.

Henri avait-il une confidence, une ouverture quelconque à me faire ? Pour lui en fournir l’occasion, dès que nous fûmes rentrés, je passai avec lui dans sa chambre pour fumer un cigare avant d’aller me mettre au lit.

— Tu sais, lui dis-je en causant avec lui des incidents de la journée, que Miette est venue tantôt m’apporter son bouquet ?

— Je le sais, répondit-il, je regrette de ne l’avoir pas vue.

— Qui t’a dit qu’elle était venue ?

— Un domestique, je ne sais plus lequel.

— Elle était ce soir à la fête. Tu n’es pas venu de notre côté, nous t’avons vu de chez Rosier dansant avec une très-jolie villageoise.

— Oui, j’ai dansé une bourrée, croyant que cela m’amuserait comme autrefois.

— Et cela t’a ennuyé ?

— Si j’avais su que Miette fût là…

— Tu l’aurais invitée, je suppose ?

— Certainement ; est-ce qu’elle m’a vu danser, elle ?

— Je ne sais pas. Je regardais ta danseuse… Sais-tu qu’elle est remarquable ?

— Oui, pour une paysanne : très-blanche avec de petites mains.