Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/181

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faire. Jurez-moi de me garder le secret pour quelques jours seulement.

» — Allons, je le jure ! Mais Jacques ? Que lui dirai-je, s’il vient m’interroger ?

» — Il ne vous interrogera pas.

» — N’est-il pas votre fiancé ?

» — Non ; il ne m’est rien qu’un ami généreux et admirable.

» — Mais il vous aime. Voyons ! cela est bien clair.

» — Il m’aime, oui, et je le lui rends de tout mon cœur ; mais il n’y a pas un mot d’amour entre nous… Vous jurez de me garder le secret ?

» — Je le jure.

» — Oh ! que je vous aime !

» — Pas tant que Jacques ?

» — Encore plus !

» Là-dessus elle s’enfuit avec ses acolytes, me laissant stupéfait et quelque peu étourdi de l’aventure.

» Le lendemain, c’est-à-dire avant-hier, j’ai avisé la fontaine du pré comme le lieu de rendez-vous le plus favorable. J’ai pu avertir la Charliette, cette nourrice dévouée, qui est venue dans le jour explorer le bois de Percemont, afin de s’y reconnaître sans suivre les chemins tracés. C’est une femme adroite et prévoyante. Je lui ai, de là-haut, montré la fontaine, le sentier des vignes qui y conduit. J’ai enlevé les clôtures, et