Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/213

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J’ai su plus tard les détails. La Charliette avait naturellement rançonné, exploité, trompé et trahi tour à tour tout le monde.

Ma nièce et mademoiselle de Nives étaient venues au secours de madame de Nives avec empressement. Elle reprit ses sens très-vite et voulut renouer la conversation. Je la priai de ne pas se fatiguer inutilement.

— Nous pouvons, lui dis-je, reprendre la conférence plus tard, ce soir ou demain.

— Non, non, dit-elle, tout de suite ! d’autant plus que je n’ai rien à dire. Je n’ai qu’à attendre les propositions que l’on croira devoir me faire à la veille d’une liquidation générale de nos intérêts.

— Il n’y a plus de proposition, répondis-je. Vous avez pensé que mademoiselle de Nives, s’étant laissé entraîner à de graves imprudences, aurait besoin de votre silence et d’un généreux pardon de votre part. Les choses ont changé de face, vous venez de le comprendre. Le silence est dans l’intérêt commun, et le pardon n’est plus qu’une affaire de convenances, disons mieux, de charité chrétienne. Mademoiselle de Nives est maîtresse absolue d’une fortune considérable, j’en ai maintenant le chiffre, je me le suis procuré en votre absence. Elle a le droit de vous demander des comptes de tutelle qui monteront, ainsi que je l’avais prévu et calculé, à