Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/287

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— Je ne compte pas du tout la délaisser ; mais je m’imagine qu’elle aime beaucoup mieux être avec vous qu’avec moi et que je pourrais vous gêner, si j’étais trop souvent entre vous.

— Nous gêner ! voilà une singulière idée ; n’es-tu pas de la famille ?

Et, comme Marianne ne répondait pas, André prit tout à coup, sans préméditation, un grand parti, comme s’il eût voulu se débarrasser d’une secrète angoisse.

— Oui, Marianne, ajouta-t-il, tu deviens singulière, et il y a en toi des choses que je ne comprends pas. Est-ce qu’on peut te parler ? As-tu le temps de m’écouter et de me répondre ?

— Oui, mon parrain, je vous écoute.

— Te parler comme cela à haute voix au travers d’une haie n’est guère commode. Puis-je entrer chez toi ?

— Mon parrain, allez jusqu’à l’échalier, je vais vous rejoindre.

Marianne courut et arriva la première. Elle tira adroitement et sans se piquer le gros fagot d’épines, enjamba l’échalier et sauta légèrement sur le petit chemin vert, où André la trouva prête à l’écouter.

— Il paraît, lui dit-il, qu’on n’a pas la permission d’entrer chez toi ? Je pensais que tu me ferais les honneurs de ton jardin ?

— Mon jardin est laid, et pourtant je l’aime.