Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/297

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Il se mit vite à table, après avoir lavé ses mains à la petite fontaine de faïence bleue qui décorait la salle à manger, et, comme il fallait que sa mère fût prévenue de la visite de Marianne, tout en dînant, il raconta l’affaire.

Madame André l’écouta avec calme jusqu’au moment où il lui rendit compte du bon accueil que Marianne avait fait à la demande d’une entrevue. À ce moment elle se montra incrédule.

— Tu me fais une histoire, lui dit-elle, ou bien Marianne s’est moquée de toi. Marianne ne veut pas se marier, elle me l’a dit cent fois.

— Eh bien, elle ne s’en souvient pas, car elle affirme le contraire, ou bien elle a changé d’idée. « Souvent femme varie ! » Mais qu’as-tu donc, chère mère ? est-ce que tu pleures ?

— Peut-être, je ne sais pas ! répondit la bonne dame en essuyant avec sa serviette deux grosses larmes qui coulaient sur ses joues, sans qu’elle eût songé à les retenir. Je me sens le cœur gros, et pour un peu je pleurerais beaucoup.

— Alors parlons vite d’autre chose. Je ne veux pas t’empêcher de dîner. Voyons, maman, tu es très-attachée à Marianne. Je sais cela, et je crois qu’elle mérite ton amitié ; mais enfin c’est une fille qui n’est pas si différente des autres qu’elle le paraît. Elle a, tout comme une autre, rêvé amour et famille ; tu ne pouvais pas espérer qu’elle y renoncerait pour faire ta partie