Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/309

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et habillé à la dernière mode dans son élégante simplicité de voyageur, c’était Philippe Gaucher, qui devançait son arrivée, annoncée pour le lendemain.

— Oui, mon très-cher, répéta-t-il croyant, à voir l’air stupéfait d’André, qu’il ne le reconnaissait pas, c’est moi, Philippe…

Pierre l’interrompit.

— Je vous reconnais très-bien, lui dit-il en baissant la voix, mais il est inutile de crier votre nom sur les toits ; vous venez ici pour une affaire qui ne réussira pas sans quelque prudence. Apprenez, mon jeune Parisien, qu’en province la première condition pour échouer, c’est de faire connaître ses projets. Voyons, vous allez venir chez moi sans traverser la ville. Prenons cette ruelle qui est déjà moitié campagne, et dans une petite heure de marche nous serons arrivés pour le dîner.

— Une petite heure de marche avec ma valise au bout du bras ? dit Philippe étonné de la proposition.

— Est-ce qu’elle est lourde ? reprit Pierre en la soulevant ; eh non ! ce n’est rien.

— Mais j’ai encore autre chose. J’ai tout un attirail de peintre, car je compte faire ici quelques études.

— Alors je vais dire à l’hôtel qu’on vous envoie tout cela chez moi avec un homme et une