Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/354

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— Je veux voir ça, dit Pierre, je me souviens que c’était très-mouillé, et j’avais prédit à ton père que ses arbres d’ornement n’y réussiraient pas.

— Allez-y seul, parrain, répondit Marianne ; c’est un peu humide et raboteux pour madame André.

Pierre traversa le verger et pénétra dans l’ancienne pépinière, qui occupait une langue de terrain fermé de haies très-élevées et que traversait le ruisseau. Il y fut saisi d’une sorte de ravissement. Marianne avait laissé la nature faire tous les frais de ce petit parc naturel. L’herbe y avait poussé haute et drue en certains endroits, courte et fleurie en d’autres, selon le caprice des nombreux filets d’eau qui se détachaient du ruisseau pour y rentrer après de paresseux détours dans les déchirures du sol. Ce sol, léger, noir et mélangé de sable fin, était particulièrement propice à la flore du pays, et toutes les plantes rustiques s’y étaient donné rendez-vous. Les iris foisonnaient dans l’eau avec les nymphéas blancs et jaunes. L’aubépine et le sureau avaient poussé en arbres luxuriants. Toutes les orchidées si variées du pays diapraient les gazons avec mille autres fleurs charmantes, les myosotis de diverses espèces, les silènes découpées, les parnassies, les jacynthes sauvages, quelques-unes blanches, toutes ado-