Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/373

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— Et pour qui donc tes coquetteries ? dit madame André.

— Pour quelqu’un qui ne veut pas deviner ce qu’on ne lui dit pas. Pour s’entendre avec ce quelqu’un-là, il faudrait avoir l’aplomb de M. Philippe. J’ai essayé de l’avoir, et je ne demandais qu’à être excitée par ses louanges pour avoir le courage qui m’a toujours manqué ; mais le professeur est déjà parti, et je me demande s’il m’a réellement trouvée intelligente et jolie, car je recommence à douter de moi.

— Marianne, Marianne ! s’écria Pierre en tombant aux genoux de sa filleule, si tu m’as deviné malgré ma sauvagerie, tu me la pardonneras, car je l’ai bien expiée aujourd’hui !

— J’ai quelque chose à me faire pardonner, moi, aussi, répondit Marianne. J’ai lu ce qu’il y avait dans votre carnet, mon parrain. Vous l’avez laissé tomber avant hier sur l’herbe du petit chemin pendant que vous me parliez de M. Gaucher ; je l’ai trouvé en revenant. J’ai cru que c’était un album de dessins comme vous en faites souvent dans vos promenades. Je l’ai ouvert, j’ai vu mon nom… Dame ! j’ai lu, j’ai tout lu, et, le soir, j’ai reporté le livre et l’ai posé sans rien dire sur la table de votre salon, à côté de votre sac. Voilà mon crime. J’ai su alors que vous doutiez de mon affection et que vous re-