Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/66

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— Sans aucun doute, et, comme elle a été élevée au couvent, il sera facile d’établir à peu de chose près ce que vous avez dépensé pour son éducation et son entretien. Ce ne sera pas un gros chiffre, et, si je suis bien informé, le revenu de la terre de Nives s’élève à trente-cinq ou quarante mille francs par an.

— On exagère !

— Les fermages feront foi. Mettons trente mille francs seulement. Depuis une dizaine d’années, vous touchez ce revenu, vous avez fait votre calcul ?

— Oui, si on me force à restituer ce revenu, je suis absolument ruinée. M. de Nives n’a pas laissé cent mille francs de capital.

— Avec cela, si on ne vous réclame rien dans le passé et si vous avez eu, comme je n’en doute pas, la prudence de faire quelques économies, vous ne serez pas dans la misère, madame la comtesse. Vous passez pour être une personne économe et rangée. Vous avez de l’instruction et des talents, vous ferez vous-même l’éducation de votre fille et vous lui apprendrez à se passer de luxe ou à s’en procurer par son travail. En tout cas, vous pourrez avoir toutes deux une existence indépendante et digne. Ne mettez pas dans votre vie l’issue désastreuse d’un procès qui ne fera pas honneur à votre caractère et qui vous coûtera fort cher, je vous en