Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/90

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— Je le sais, mon oncle, je le sais ! aussi je ne dors que d’un œil. Si pareille chose arrivait… Pauvre Marie ! je la suivrais : on me verrait dans le pays conduite par la gendarmerie.

— Et comme Jaquet ne le souffrirait pas,… ni moi non plus si je me trouvais là, nous serions dans de belles affaires ! L’amitié est une bonne chose, mais je trouve que ton amie a beaucoup usé, pour ne pas dire abusé, de la tienne.

— Elle est si malheureuse, mon oncle ! si vous saviez… Ah ! je voudrais qu’elle vous parlât et vous racontât sa vie !

— Je ne veux pas la voir, je ne le dois pas. Il m’est impossible d’être dans la confidence de sa présence ici. Souviens-toi que cela gâterait tout et que je ne pourrais plus lui être utile. Donc je m’en vais, je ne l’ai pas vue, tu ne me l’as pas nommée, je ne sais absolument rien. Embrasse-moi et dis à ta recluse qu’elle ne doit pas même laisser traîner ses ombrelles dans ton jardin.

— Emportez ce panier de pêches, mon oncle, ma tante les aime.

— Non ! tes pêches, quoique superbes, sont moins veloutées et moins fraîches que toi, et comme je ne dirai pas à la maison que je t’ai vue, je ne veux rien emporter du tout. Me permets-tu de dire seulement à Henri que, le mois