Page:Sand - Valvèdre.djvu/181

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dix-huit ans et les joues roses d’Adélaïde. Enfin elle était indignée, elle était jalouse ; elle maudissait ce jour, qu’elle avait attendu avec tant d’ardeur comme le plus beau de sa vie.

J’étais désespéré de ne pouvoir la consoler ; mais M. de Valvèdre venait d’arriver, et je n’osais dire un mot, le sentant là. Il me semblait qu’il entendait mes paroles avant que mes lèvres leur eussent livré passage. Alida, plus hardie et comme dédaigneuse du péril, me reprochait d’être trop jeune, de manquer de présence d’esprit et d’être plus compromettant par ma terreur que je ne le serais avec de l’audace. Je rougissais de mon inexpérience, je fis de grands efforts pour m’en corriger. Tout le reste de la soirée, je réussis à paraître très-enjoué ; alors Alida me trouva trop gai.

On le voit, nous étions condamnés à nous réunir dans les circonstances les plus pénibles et les plus irritantes. Le soir, retiré dans ma chambre, je lui écrivis :

« Vous êtes mécontente de moi, et vous me l’avez témoigné avec colère. Pauvre ange, tu souffres ! et j’en suis la cause ! Tu maudis ce jour tant désiré qui ne nous a pas seulement donné un instant de sécurité pour lire dans les yeux l’un de l’autre ! Me voilà éperdu, furieux contre moi-même et ne sachant que faire pour éviter ces angoisses et ces impatiences qui me dévorent aussi, mais que je subirais avec résignation, si je pouvais les assumer sur moi seul. Je suis trop jeune, dis-tu ! Eh bien, pardonne à mon inexpé-