Page:Sand - Valvèdre.djvu/203

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viendra pour vous. Allons, mon argent et mon savoir-faire ne seront pas tout à fait perdus, puisqu’ils serviront à son bonheur et au vôtre. Adieu, mon cher. Ne vous montrez pas, ne vous promenez pas le jour dans l’endroit découvert ; on pourrait vous voir des maisons voisines. Écrivez des lettres d’amour tant que le soleil brille, ou ne prenez l’air que sous le berceau. À la nuit noire, vous pourrez vous risquer dans la campagne, qui commence à deux pas d’ici. Manassé va être à vos ordres. Il vous fera d’assez bonne cuisine ; il renverra les ouvriers, qui pourraient causer. Il portera vos lettres au besoin et les remettra avec une habileté sans pareille. Fiez-vous à lui ; il me doit tout, et dans un instant il va savoir qu’il vous appartient pour trois jours. Trois jours, c’est bien assez pour se concerter, car je vois que vous cherchez le moyen de vous réunir. Cela finira par un enlèvement ! je m’y attends bien. Prenez garde pourtant ; ne faites rien sans me consulter. On peut assurer son bonheur sans perdre la position d’une femme. Ne soyez pas imprudent, conduisez-vous en homme d’honneur, ou bien, ma foi ! je crois que je me mettrais contre vous, et que, malgré mon peu de goût pour les duels, il faudrait nous couper la gorge… Adieu, adieu, ne me remerciez pas ! Ce que je fais, je le fais par égoïsme ; c’est encore de l’amour ! mais c’est de l’amour désespéré. Adieu !… Ah ! à propos, il faut que je retire de là quelques papiers ; entrons.

Abasourdi et irrésolu, je le suivis dans l’intérieur de