Page:Sand - Valvèdre.djvu/231

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» Rose des buissons, ma petite marraine, tu n’es pas bien fière ; mais tu es si jolie ! Rien ne te gêne, tu étends tes guirlandes comme des bras pour bénir la liberté, pour bénir le paradis de ma force.

» Rose des eaux, nymphéa blanc de la fontaine, chère sœur, tu ne demandes que de la fraîcheur et de l’ombre ; mais tu sens bon et tu parais si heureuse ! Je m’assoirai près de toi pour penser à la modestie, le paradis de ma sagesse. »

— Encore une fois ! dit Rosa ; je ne peux pas retenir le dernier vers.

— C’est le mot de sagesse qui te fait mal à dire, n’est-ce pas, fille terrible ? reprit Adélaïde en riant.

— Peut-être ! Je comprends mieux la gaieté, la liberté…, la force ! Veux-tu que je grimpe sur le vieux if ?

— Non pas ! c’est très-mal appris, de regarder chez les voisins.

— Bah ! les voisins ! On n’entend jamais par là que des animaux qui bêlent !

— Et tu as envie de faire la conversation avec eux ?

— Méchante ! Voyons, encore ton dernier couplet. Il est joli aussi, et c’est bien à toi d’avoir mis le nénufar dans les roses…, quoique la botanique le défende absolument ! Mais la poésie, c’est le droit de mentir !

— Si je me suis permis cela, c’est toi qui l’as voulu ! Tu m’as demandé hier au soir en t’endormant de te faire pour ce matin trois couplets, un à la rose mousseuse, un à l’églantine et un à ton nymphéa qui