Page:Sand - Valvèdre.djvu/270

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pable que lui de te rendre heureuse et de te garder fidèle. Voila toute la vengeance que je veux tirer de son dédain !

— Et mes enfants ! s’écria-t-elle, mes enfants ! qui donc les aura ?

— Vous vous les partagerez.

— Ah ! oui, il me donnera Paolino !

— Non, puisque c’est celui qu’il préfère.

— Cela n’est pas ! Valvèdre les aime également, jamais il ne donnera ses enfants !

— Tu as pourtant des droits sur eux. Tu n’as commis aucune faute que la loi puisse atteindre ?

— Non ! Je le jure par mes enfants et par toi ; mais ce sera un procès, un scandale, au lieu d’être une formalité que le consentement mutuel rendrait très-facile. D’ailleurs, je ne sais pas si leur loi protestante n’attribue pas les fils au mari. Je ne sais rien, je ne me suis jamais informée. Mes principes me défendent d’accepter le divorce, et je n’ai jamais cru que Valvèdre en viendrait là !

— Mais que veux-tu donc faire de tes enfants ? lui dis-je, impatienté de cette exaltation maternelle qui ne se réveillait devant moi que pour me blesser. Sois donc sincère vis-à-vis de toi-même, tu n’en aimes qu’un, l’aîné, et c’est justement celui qui, sous toutes les législations, appartient au père, à moins qu’il n’y ait danger moral à le lui confier, et ce n’est point ici le cas. D’ailleurs, de quoi te tourmentes-tu, puisqu’en restant la femme de Valvèdre, tu n’en as pas moins