Page:Sand - Valvèdre.djvu/349

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premier abord, quel qu’il soit, et, s’il prononce ce mot terrible et sublime : Je pardonne ! courbez la tête et acceptez. — Alors, seulement alors, vous serez absous à mes yeux… et aux vôtres, mon cher monsieur Francis !

Valvèdre arriva huit jours après. Il vit ses enfants d’abord, puis sa sœur aînée et Henri. Sans doute, celui-ci plaida ma cause ; mais il ne me convenait pas d’en attendre le jugement. Je le provoquai. Je me présentai à Valvèdre avant peut-être qu’il eût pris une résolution à mon égard. Je lui parlai avec effusion et loyauté, hardiment et humblement, comme il me convenait de le faire.

Je mis à nu sous ses yeux tout mon cœur, toute ma vie, mes fautes et mes mérites, mes défaillances et mes retours de force.

— Vous avez voulu que je fusse sauvé, lui dis-je ; vous avez été si grand et si vraiment supérieur à moi dans votre conduite, que j’ai fini par comprendre le peu que j’étais. Comprendre cela, c’est déjà valoir mieux. Je l’ai compris chaque jour davantage depuis sept ans que je me châtie sans ménagement. Donc, si je suis sauvé, ce n’est pas à ma douleur et à la bonté très-grande, il est vrai, des autres que je le dois ; cette bonté ne venait pas encore d’assez haut pour réduire un orgueil comme le mien. Venant de vous, elle m’a dompté, et c’est à vous que je dois tout. Éprouvez-moi, connaissez-moi tel que je suis aujourd’hui, et permettez-moi d’être l’ami dévoué de Paul. Par lui,