Page:Sand - Valvèdre.djvu/72

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vint manger à la hâte et avec préoccupation un reste de volaille ; après quoi, il regarda sa montre et nous dit qu’il était temps de monter chez ces dames pour voir partir les fusées.

— Il paraît, dit-il à Moserwald, que vous êtes invité à prendre le thé là-haut en remerciement des bonnes nouvelles que vous avez données, ce dont, pour ma part, je vous sais gré ; mais permettez-moi une question.

— Mille, si vous voulez, mon très-cher, répondit Moserwald avec aisance.

— Vous avez dépêché un montagnard vers la pointe de l’Ermitage ; il s’y est rendu à travers mille périls, et vous l’avez attendu à Varallo jusqu’à ce matin. A-t-il vu M. de Valvèdre ? lui a-t-il parlé ?

— Il l’a vu de trop loin pour lui parler, mais il l’a vu.

— C’est fort bien ; mais, s’il vous prenait l’obligeante fantaisie d’envoyer encore des exprès et qu’ils parvinssent jusqu’à lui, veuillez ne pas les charger de lui dire que sa femme et sa sœur sont à sa recherche.

— Pas si sot ! s’écria Moserwald avec un rire d’une ingénuité admirable.

— Comment, pas si sot ? répliqua Obernay surpris en le regardant entre les deux yeux.

Moserwald fut embarrassé un instant ; mais son esprit délié lui suggéra vite une réponse assez ingénieuse.

— Je sais fort bien, reprit-il, que votre savant ami