Page:Sand - Valvèdre.djvu/91

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donner raison contre moi. Nous nous froisserions mutuellement, comme cela est arrivé déjà. Puisque je ne puis attendre M. de Valvèdre ici, je vous charge au moins d’expliquer à Henri le motif en apparence si inquiétant et si mystérieux de mon voyage. S’il aime Paule, il fera quelque effort pour hâter son mariage et ma délivrance. J’ai dit. Oubliez-moi et portez-vous bien.

En achevant cette explication sur un ton d’enjouement qui refoulait un profond sanglot, elle me tendit la main et se leva pour me quitter.

Je la retins.

— Je vous jure, m’écriai-je, que vous ne partirez pas, que vous attendrez M. de Valvèdre ici, et que vous mènerez à bien un projet qui n’a rien que de légitime et de raisonnable. Je vous jure que Moserwald, s’il ne part pas, n’osera plus lever les yeux sur vous, car Obernay et moi l’en empêcherons. Nous en avons le droit, puisque Obernay va devenir votre beau-frère, et que je suis son alter ego, vous l’avez dit. Notre devoir est donc de vous défendre et de ne pas même souffrir qu’on vous importune. Je vous jure enfin qu’Henri ne prendra pas obstinément le parti d’une autre personne qui vous déplaît et qui ne peut pas avoir raison contre vous. Henri aime ardemment sa fiancée, je ne crois pas à la patience qu’il affecte ; de grâce, madame, croyez en nous, croyez en moi : je comprends l’honneur que vous venez de me faire en me parlant comme à quelqu’un de votre fa-