Page:Sand - Voyage en Auvergne, paru dans Le Figaro, 04 et 11 août 1888.djvu/12

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aigri mon caractère et faussé mon jugement.

Vous m’avez mis dans l’âme une sécheresse, une amertume que je retrouve dans tout.

Croyez-vous que j’ai oublié tout cela quand maintenant vous me caressez ? Oh ! vos caresses me font du mal. Quand vous m’embrassez, mon cœur se gonfle et, si j’osais pleurer devant vous, je pleurerais ! Et quand je vois une autre fille dans les bras de sa mère, heureuse, adorée, protégée, je me tords les mains et je pense à vous qui m’avez abandonnée. Ma mère, Dieu vous pardonne ! Il vous pardonnera. Dieu est parfait. Mais vous m’avez fait bien du mal.


Je voudrais me venger, je voudrais pouvoir vous faire du bien. Vous verriez que je ne suis pas une mauvaise fille ! Ah ! je n’étais pas née pour cela !!!

Voilà ma lettre ; l’enverrai-je ?

Pauvre mère ! que de chagrin elle vous ferait ! Vous êtes légère, mais vous n’êtes