Page:Sand - Voyage en Auvergne, paru dans Le Figaro, 04 et 11 août 1888.djvu/13

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pas méchante. Non, vous ne l’êtes point. Vous n’êtes que bizarre. Ah ! je ne vous ferai jamais de reproches. Je pleurerai en silence. Vous vieillirez tranquille.

Je me sens très mal à présent. À quoi ai-je été songer ! Si j’allais consulter le médecin ? Encore quelque âne ? Je n’irai point, qu’ai-je à faire de lui ?

Mais, mon Dieu, à qui écrirai-je donc ? Je sais bien à qui je n’écrirai pas.

À Adolphe ? C’est un ami despote. Je n’aime pas la tyrannie. À Stéphane ? C’est un fou, un vrai pédant. Je déteste la science. À Gustave ? C’est une bête. Les bêtes m’ennuient. À mon père ? L’excellent cœur ! Mais que lui dirai-je ? Lui raconter ce que j’ai vu à Clermont ? l’éternelle relation obligée ! Mais je n’ai rien vu ! J’ai été partout. J’ai attrapé un coup de soleil au Puy-de-Dôme. Je me suis éreintée à cheval, époumonnée à pied. Et tout cela pourquoi ?

Si, je le sais !… Il n’y a pas là de quoi faire une lettre. Mon Dieu, qu’on est bête quand on a de l’humeur !


Je vas écrire à Zoé. Elle est si bonne !