Page:Sand - Voyage en Auvergne, paru dans Le Figaro, 04 et 11 août 1888.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Hélas nous devions nous quitter bientôt, pour ne nous revoir jamais, compagnon de nos premiers jeux, protecteur de notre faiblesse ! La famille de l’homme n’est que d’un jour !

» Le lendemain disperse sur la terre les frères, les amis, comme les semences que le vent enlève et répand loin de la tige qui les fit éclore !

» Que devins-tu, ami généreux ? Dans quel toit terminas-tu ta laborieuse et utile carrière ? Quelles mains t’ont fermé les yeux ? Quels amis t’entourèrent de leurs consolations à ton heure dernière ? Hélas ! seul, abandonné peut-être, loin de la demeure des hommes, repoussé de ceux que tu nourris de tes sueurs, tu expiras de fatigue et de misère sur la terre nue, sans qu’une main amie t’offrît quelques brins de paille pour reposer tes membres raidis et glacés !