Page:Sand - Voyage en Auvergne, paru dans Le Figaro, 04 et 11 août 1888.djvu/40

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Mais, dit-il en s’en allant, cela ne s’est jamais vu ! Refuser la visite de M. Bertrand, c’est incroyable !

Je suis en guerre ouverte avec M. Bertrand, conséquemment avec beaucoup de malades.


Le 15. — Le Champenois est un original, je dirais même un fou. Nous avons fait ce matin quinze lieues au galop. Le pic de Sancy offre une vue délicieuse. On y arrive à cheval. En regardant d’en bas, je ne l’aurais pas cru. — Allons, madame, dit le Champenois, qui vous arrête ? Vous aurez le temps d’admirer là-haut. — J’allais descendre de cheval. — Gardez-vous en, le chemin est superbe. — Monsieur, êtes-vous sûr d’avoir l’esprit bien sain ? — Ma foi, madame, je le croyais il y a une heure, mais depuis que je vous écoute, je sens ma raison déménager. — C’est très galant ; c’est qu’apparemment la folie est un mal contagieux ? — Ce n’est pas vous qui êtes folle, madame, c’est moi qui le deviendrai si je vous vois encore longtemps. — Allons, lui dis-je, voir si nos folies ne sont pas là-haut.