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MŒURS FIN DE SIÈCLE


« guillotine ». Puis, il interrompit sa cour pendant un mois.

Pendant un mois, il fut cristallisé par une passion pour une monstruosité que l’on exhibait à l’Hippodrome : c’était une femme à deux têtes, quatre jambes et quatre bras ; elle possédait un seul bassin et un seul estomac ; on l’appelait Mani-Mina. Née en Tyrol, elle avait parcouru toutes les villes de l’Allemagne, de la Suisse, de la Belgique, et venait de débuter à Paris en jouant du violon du côté droit et de la clarinette du côté gauche. Elle exécutait un duo à elle seule ; la droite était soprano, la gauche contralto. Elle démentait le proverbe qui n’admet pas que l’on fasse deux choses à la fois. Mauri en pinça pour le côté droit qui le lui rendit bien, car un soir, après une séance très applaudie, il attendit la double femme à la sortie et lui offrit à souper. Mani accepta ; Mina fit la grimace, mais elle dut se résigner. Ils se rendirent chez Maire. Ils mangèrent et