Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LE TUTU


par les exclamations des joueurs, il n’osait se lever, parce que ses vêtements étaient accrochés au mur de l’autre côté de la table. En fermant les yeux, une succession de tableaux se déroula dans ses paupières : un mur tapissé de lierre, une ribambelle de fourmis grimpant le long d’une bougie allumée, puis plus rien, un rideau noir, puis un village désert en feu, une pluie de femmes nues avec beaucoup d’argent dans leurs poches, un fleuve de cailloux peuplé de poissons.

— Avez-vous des manilles ?… Êtes-vous bien de la maison ?… Vous ne coupez nulle part ?

Chaque coup commençait par ces mêmes questions. Maintenant, on jouait une deuxième bouteille de Malaga, histoire de donner une revanche aux perdantes. Seulement, il fallait se hâter, car ces dames du ballet de l’Éden devaient déjeuner à dix heures, et il en était neuf trente-quatre.