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MŒURS FIN DE SIÈCLE

Mauri sonda l’espace.

— Où sont donc les arbres ?

— Il n’y en a pas. On a essayé d’en planter, mais ils ne poussent pas : ils dépoussent. Les fleurs non plus ne poussent pas. L’herbe est moins rebelle ; la grande pelouse qui s’étend sous les fenêtres de votre hôtel en est la preuve ; cette pelouse a été ensemencée plus de cent fois ; à la fin, elle a poussé ; d’ailleurs, on rencontre encore, de temps en temps, un petit brin d’herbe par-ci par-là.

— Et c’est un pareil pays que vous choisissez pour villégiaturer ? Un pays où il n’y a pas d’oiseaux, où il n’y a pas d’insectes, où il n’y a pas d’arbres, où il n’y a rien, que des gens qui… des gens que… des gens qu’on…

— Soyez indulgent. Si vous saviez !

Ils étaient parvenus au pied de l’escalier de Tréport-Terrasse, un tout petit escalier de quatre cents marches, quasi perpendiculaire, pourvu d’une rampe non rabotée qui enfonçait

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