Page:Sapho - Le tutu, mœurs fin de siècle, 1891.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
LE TUTU


des premières pousses, s’éparpillaient des blancheurs et des rougeurs et des jauneurs de fleurs dont le baume s’irradiait vers le firmament. La terre s’embellissait et se parfumait comme une fille publique dont les flasques charmes ont besoin d’être mis en ragoût pour donner de l’appétit ; elle s’était dépouillée de sa puanteur de vieille putain et fleurait bon, afin que les amants se ruassent sur elle. Elle était hideusement belle, comme la Femme.

Et la route était pénible. Elle montait raide, comme un chemin de Golgotha. Elle se hérissait, çà et là, de pointes pierreuses qui meurtrissaient les pieds. Elle ne connaissait point la caresse des attouchements amoureux ; elle rendait douloureuse l’ascension du Plaisir.

Et elle était mortellement calme, calme comme l’immobilité de l’espace. Ce dimanche-là, tout reposait, l’homme et les éléments de la nature. Seule, la Bièvre coulait au bas du vallon, mais silencieusement, peureusement,