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LA NOUVELLE IDOLE

La Nouvelle Idole est une œuvre très curieuse ; mais c’est plutôt un dialogue philosophique qu’une pièce de théâtre. Elle aura sans doute le sort des ouvrages précédents de M. François de Curel ; elle sera beaucoup louée par la presse ; elle sera écoutée avec intérêt par un petit nombre de publics triés sur le volet. La foule n’y entrera point. Je sais bien que ceux qui n’aiment point le théâtre n’en applaudiront que davantage et la Nouvelle Idole et son auteur. Ils lui sauront gré d’avoir méprisé ou tout au moins négligé ce qu’ils appellent les ficelles des faiseurs. Je ne présenterai qu’une observation à M. François de Curel : quand on écrit pour le théâtre, c’est qu’on s’adresse à la foule, puisqu’il n’y a pas de théâtre sans public, puisque c’est le public qui constitue le théâtre. C’est ce qu’ont fait tous les grands écrivains dramatiques de tous les temps, qui, sachant que leur œuvre serait écoutée d’un grand public, se sont arrangés toujours pour qu’elle fût comprise et goûtée de la foule. Ils ont donné à leurs idées, quelles qu’elles fussent, une forme dramatique. Comment peut-on faire compliment à un homme qui écrit pour le théâtre de ne pas se soucier de cette forme ? Qu’on s’en excuse en faveur d’autres qualités, passe encore ; mais l’en louer ! mais le proposer pour modèle !