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VOCALISME ARMÉNIEN. 91

existence de l'e prouverait être a^. Il est donc invraisemblable que Vo d'un présent comme oluj, en d'autres termes Vo qui se maintient dans toutes les formes d'une racine, puisse représenter a.^.

Le vocalisme de l'arménien est ici d'une certaine importance. Les articles de M. Hiibschmann, Ûber die stellung des armenischen im kreise der indogerm. sprachen et Armeniaca, K. Z. XXIII 5 seq., 400 seq. offrent des matériaux soigneusement triés, malheureusement moins abondants qu'on ne souhaiterait, ce qui tient à l'état imparfait de l'étymologie arménienne. C'est là la source où nous puisons. L'auteur montre que la distinction d'« et d'e existe en arménien comme dans les langues d'Europe, que cet idiome en conséquence n'appartient point à la famille arienne: fondé en outre sur les phénomènes relatifs aux gutturales, il le place entre le letto-slave et l'iranien. Sans vouloir mettre en question ce dernier résultat, nous croyons devoir faire remarquer que par son vocalisme l'arménien ne se borne pas à affirmer une relation générale avec l'Europe, mais qu'il noue des liens plus étroits avec une certaine portion de ce domaine, qui n'est pas comme on l'attendrait le slavo-germanique, mais bien le gréco-italique. L'arménien possède en effet la distinction des phonèmes «2 ^t a.

A devient a: asiem = oEyuj (Hiibschmann 33); haz «part», hasanel «partager», gr. qpaTeîv (22); kapel, \ait. capio (19); hair pater; ail = aXXoç (33); andzuk «étroit», gr. à'TXuu (24). — i se trouve dans mair mater; elhair frater; bazuk, gr. TTCtxuç (emprunté peut-être à l'iranien, 402).

a2 devient (pour l'e v. l. c. 33 seq.): à côté de hetkh «trace» (lat. peda), otn «pied», cf. gr. irob- (Brugmann, Stud. IX 369); gochél «crier», cf. gr. eiroç, 6{^ (33); gorts «œuvre», cf. gr. ëopYCi (32); ozni èxîvoç (25) n'a point d'analogue direct dans les langues con- génères, mais comme celles-ci ont un e dans ce nom du hérisson, Vo de oz7ii doit être a.^. En composition: lus-a-vor que M. Hiibsch- mann rend par XeuKoqpôpoç et qui vient de berem «je porte» (405); age-vor (400). Enfin dans le sufïixe: mardo- (dat. mardoy) = gr. PpOTÔ. Mais il y a un point, et c'est là ce que nous avions plus particulièrement en vue, où l'arménien cesse de refléter Vo. gréco- italique et où il lui oppose un a: akn «œil», gr. ôcfcre, lat. ocidus (33); anwan «nom», gr. ôvo)Lia, lat. nômen (10), magil «serre», gr. ôvuE, lat. nnguis (35); am;;, amb «nuage», gr. ô|nPpoç (19); vard «rose», gr. Jpôbov, lat. r'osa (35); tal «donner», gr.-lat dô (33).

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