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ANOMALIES. 169

représentants directs de a et Ç, Us seraient issus du son -^ affai- blissement proethnique de ces phonèmes. Libre de toute influence, la voyelle -' semble avoir incliné vers l'a. C'est ce qu'indiquent TraiTip, duTÛTrip, ô|ii(paX6ç = nobhilâ, airXdTXV-o-v cf. iMhàn, KÎpvajuev en regard de ijpnmàs, puis quelques formes isolées comme irpôpaTOV, TTpôpacJiç, PacriXeùç parallèlement à pôaKUu, PoTrjp de puj. L'i se trouve dans tti-vu), Trirrî-ffKUJ.

Plusieurs exemples, à l'intérieur des racines, rappellent les doublets de formes faibles indiennes comme çik et çak de çâfc, vis et vas de vas. En grec on a de kuutt (Kiucpôç) KàîTuuv et kôtttu). L'a de KaTTUJV paraît représenter la voyelle faible; l'o de kôtttuu est o. En gotique on a de slâh (parf. sloh) le partie, slauhans et le présent slaha.

On peut citer encore comme exemples de la voyelle faible médiale, grec ëxpaYOV de TpuuY, got. hrukans où le groupe ru répond au ra de fractus et de paxfivai {rac.hhrëg). V.p. 157. L'i représente la même voyelle dans îbpûu) (cf. skr. sïd), dans kîkuç «force» que M. Fick rapproche du skr. çak, çik.

Dans deux exemples seulement Vi indien semble être rendu directement par l'o grec : box^iôç qui correspond à gihmâ et kÔ(T|lioç en regard du skr. çis. Est-il permis de comparer kitavà «joueur» et KÔTTaPoç? Cf. ion. ÔTiaPoç. 11 serait possible aussi que la voyelle de VUKT-, noct- répondit exactement à celle de niç-.

Dans quelques cas le sanskrit offre un u à la place de l'i; gûdà «intestin», cf. YÔ6a ' ëvxepa. MaKebôveç; uâdra «ventre», cf. ôbepoç' YacTTrip; su-tûka «rapide» de tak (cf. xaxûç); vdruna, cf. oùpa-vôç. Le cas le plus important est celui de la désinence du génitif. Nous croyons que pdtyns est identique avec ttôcTioç; voy. p. 183.

Avant de finir, nous ne voulons pas omettre de mentionner différentes formes indo-européennes qui sont en désaccord avec la théorie proposée. Peut-être sont-ce des fruits de l'analogie proethnique. Indo-eur. swâdû en regard de prthû etc. (p. 15,24). Indo-eur. âstai (skr. dste, gr. rjcTiai) au lieu de Astai. Indo-eur. Ak^man «rocher» à la place de Aknian, Ayas «ses» et non Ayas (p. 147). Il est fort singulier aussi de trouver de la rac. sud skr. sâdas = gr. é'boç, de la rac. tâm skr. tâtnas = lat. *tetnus dans temere, de la rac. dak^ lat. decus = skr. *dâças dans daçasydti, toutes formations qu'il nous est impossible de regarder comme légitimes. Voici un cas bien frap- pant: en regard du v. h^-all. uoba on a, très régulièrement, en sans-

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