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l'échange tti — Cj EST INDÉPENDANT DE l'aCCENT. 203

Reste le vocatif sing. On a vu que la voyelle de ce cas ne peut pas se déterminer directement pour les thèmes comme uksan (p. 201). Seulement M, Brugmann tire du voc. yûkta^ une présomption en faveur de l'hypothèse ddtayr {ûhsa^n) et nous adoptons son opinion, non point toutefois pour les raisons qu'il donne et dont nous par- lerons tout à l'heure, mais uniquement parce que le locatif atteste la symétrie des deux paradigmes.

M, Brugmann est convaincu que l'échange de a^ et ag s'explique par l'accentuation, et en particulier que l'aj du voc. yûkta^, qu'il regarde comme un afifaiblissement, tient au recul du ton à ce cas. Or le locatif, qui n'a point cette particularité d'accent, montre exac- tement le même vocalisme. Ensuite où est-il prouvé que l'accen- tuation en question ait une influence quelconque sur l'ag? On compte autant de ag après le ton que sous le ton, et d'ailleurs les deux a se trouvent placés cent fois dans les mêmes conditions d'accent, montrant par là qu'ils sont indépendants de ce facteur pour autant que nous le connaissons. C'est ce qui apparaît clairement quand on parcourt par exemple la liste de suffixes donnée plus bas, le même suffixe pouvant avec la même accentuation prendre a^ dans certains mots et garder a^ dans d'autres. — Ainsi que nous l'avons dit p. 126 seq.. nous considérons % comme une voyelle primitive et nullement affaiblie, et ag comme une modification de cette voyelle. Autant il est vrai qu'on retrouve partout les trois termes ag, «i, a-zéro, autant, à notre avis, il serait erroné de croire qu'ils forment une échelle à trois degrés et que a^ est une étape entre a^ et zéro.

M. Brugmann dit {Stud.YX.Zll): «tous les doutes qui pourraient surgir relativement au droit que nous avons de tenir Ve du vocatif pour un affaiblissement sont levés par les thèmes en -â», et il cite alors le vocatif vù|Li(pâ, ëeno, ambà. C'est là cet incompréhensible parallélisme des thèmes en -Â avec les thèmes en -a^ (a^) qui se vérifie encore au locatif et dont nous avons déjà parlé p. 88. On ne pourra y attacher grande valeur, tant que l'énigme ne sera pas résolue.

Nous avons vu de quelle manière, étant donné qu'un thème prend a^, ce phonème alternera avec a^ aux différents cas de la dé- clinaison. Il reste à établir ou plutôt à enregistrer — car on n'aperçoit aucune loi dans cette répartition — quels sont ces thèmes, quels sont au contraire ceux qui maintiennent a^ partout.

Pour abréger nous écrivons, par exemple, suffixe -a^n, ce qui signifie: variété du suff. -a^n admettant \'a^.

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