Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

238 LES SOMANTES i, M, f, «,- ■ffl, NE PEUVENT ÊTRE PRIMORDIALES.

Avant d'entamer la seconde partie de ce sujet, il est bon de se mettre en garde contre une idée très naturelle et plus vraisemblable en apparence que la théorie proposée ci-dessus. Elle consisterait à dire: au lieu d'admettre que u, f etc., dans bina, ^pfta etc., sont des modifications de w + ^, >• + "*, pourquoi ne pas poser des racines telles que la^û, P0'\f'^ Les formes fortes skr. lavi-, pari-, en peuvent fort bien dériver, et l'explication des formes faibles serait simplifiée. C'est à quoi nous opposons les remarques suivantes:

1. L'hypothèse à laquelle il vient d'être fait allusion est inadmissible:

a) Supposons pour un instant que les racines de lavitdr lûnâ et de parîtâr pûrtâ soient réellement lau, par. Quel avantage en ré- sulte? Aucun, car on ne saurait sans pousser l'invraisemblance au dernier degré, prétendre que Vï de gràbhîtar et de môsitum n'a pas existé après les sonantes comme ailleurs au moins dans un nombre limiié de cas. Or toutes les racines finissant par sonante-\- t donnent sonante longue dans les formes faibles. On en reviendrait donc à reconnaître pour un nombre d'exemples grand ou petit la règle qu'on aurait voulu supprimer, et au lieu de simplifier on aurait compliqué.

h) En partant des racines lail, par etc., on renonce à expliquer la 9' classe comme un cas particulier de la 7*. Dès lors on ne comprend ni la prédilection des racines «à sonante longue», ni l'aversion des racines «à sonante brève > pour le présent en -na.

c) Accordons, s'il le faut, qu'il n'y a aucun lien nécessaire entre la sonante longue et le présent en -nâ\ assimilons la syllabe -nâ aux suffixes tels que -î/a ou -ska. Comment expliquera-t-on, au moyen de racines lau, par, les présents lûnàti et pfndti? Comment, en règle générale, est-il concevable que laû puisse donner lu et que par puisse donner pf? — Ce point ne réfute pas seulement l'hypothèse de ra- cines à sonante longue, c'est en même temps celui sur lequel nous croyons pouvoir ancrer en toute confiance la théorie de la 9" classe et partant la théorie des racines comme lawA, parA. Car ceci est évident a priori: toute théorie fondée sur l'idée que -na est un simple suffixe se trouvera dans l'impossibilité d'expliquer la diffé- rence typique et radicale du vocalisme de la formation hindti, prndti, et.de la formation lûnâ, pûrnâ.

2. L'autre hypothèse, bien loin d'offrir des difiicultés, est dictée par l'observation des cas analogues:

Dans les racines qui présentent successivement 5onan/c-|-ai-j->, par exemple gyâ, va, çrâ, nous sommes bien sûrs que à fait partie

�� �