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252 REMARQUES SUR LA MÉTATHKSE.

1. Dans la règle, le groupe -neXe- sera originaire, et on n'a point à re- monter de ireXe- à iteX-. ircXe est une racine udâttû.

2. Si vraiment ueXe- a produit parfois irXr|-, c'est ù coup sûr la moins fré- quente de toutes les causes qui ont pu amener les groupes radicaux de la dernière espèce.

3. Toujours en admettant le passage de treXe- à uXr]-, on devra placer le phénomène dans une époque où le second e (= À) de ireXe était fort différent et beaucoup moins plein que le premier, qui est a^.

III. Avant tout rappelons-nous que chaque racine possède une forme pleine et une forme privée d'fl,. Il faut toujours spécifier avec lacjuelle des deux on entend opérer. La différence des voyelles qui existe par exemple entre Yev (plus exactement ï€ve) et xan n'a rien de nécessaire ni de caractéristique pour les deux racines. Elle est au contraire purement accidentelle, la première racine ayant fait prévaloir les formes non affaiblies, tandis que la seconde les perdait. Si les deux degrés subsistent dans xaiieîv : xéfiaxoç, paXeîv : péXoç, c'est encore, à vrai dire, un accident. Donc il est arbitraire, quand on explique Yvri-, K|iTi-, TjUTi-, pXn-, de partir, ici de yev, là de koili, et ainsi de suite, au hasard de la forme la plus répandue.

Il y a plus. Quand on aura acquis la conviction que le type «à métathèse» a régulièrement pour base la même forme radicale, la forme faible par exemple, encore faudra-t-il se reporter à l'ordre de choses préhistorique, où l'a des formes telles que TOjneîv n'existait point encore; en sorte que TjuâTÔç peut fort bien — le fait est même probable — n'être venu ni de xaiiTÔç ni de tchtôç ni de TejuaTÔç.

IV. Le type où la voyelle suit la consonne mobile ne procède pas né- cessairement de Taulre en toute occasion. Au contraire, il est admissible par exemple que la racine de Gaveîv (= ^nveîv) soit ôvâ. On aurait alors:

ôav-eîv : dvâ = skr. dhâm-ati (*dhmm-dti) : dhmâ = skr. pur-â: prâ-yas, etc.

Un exemple très sûr, en dehors du gi-ec, nous est offert dans le lit. éin-aû, pa-zin-tis, got. kun-fs (p. 256 seq.). Ces rejetons de gnà «connaître» ont pour base la forme faible gn- (devant les voyelles: gnn), qui est pour gnA-,

Dans le cas dont nous parlons, le type ôaveîv est forcément faible, et la voyelle y est donc toujours anaptyctique.

V. Enfin les deux types peuvent être différents de fondation. Il y aura à distinguer deux cas:

à) Racine udâttà et racine en -ô (ne différant que par la position de IV/,, cf. p. 243). En grec on peut citer peut-être leXa (TeXa|nibv) et tXû (TXâmuv), ireXe (iréXeôpov) et irXri (TrXripriç etc.), cf. skr. pari et prâ.

h) Racine anudâttâ et racine en -à. La seconde est un élargissement (proethnique) de la première. Exemple: inev, luëvoç, jn^iuova, |i^|Lia|nev et nv-â, livrmr), miavriOKUU (skr. man et ntnâ).

C'est proprement à ce dernier schéma que M. Brugmann, dans un travail récemment publié, voudrait ramener la presque totalité des cas de «métathèse». Il admet un élément -à s'ajoutant à la forme la plus faible — nous dirions la forme faible — des racines, et qui échapperait à toute dégradation. Le fait de l'élargissement au moyen de -<î {-a^A) est certainement fort commun; nous le mettons exactement sur la même ligne que l'élargissement par -a, t ou par -«,«,

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