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260 VARIÉTÉS DE NASALE SONANTE.

Le grec a presque toujours av, a|Li, une fois seulement a. Dans ô|iPpoç la voyelle a pris une teinte plus obscure, enfin ôqpiç a changé om en o par l'intermédiaire de la voyelle nasale longue o. Homère, Hipponax etAntimaque emploient encore ôqpiç {dphis) comme trochée; pour les références V. Roscher, <SfMrf. l 124. Il n'est pas absolument impossible qu'une variante de ôqpi- se cache dans à)ii(pîcr|Liaiva et à|Liqpi(yô|Liaiva (Etym. Magn.), formation qu'on pourrait assimiler à (TKÛbiiiaivoç (Hes.), èpibjuaîvuj, ctXua&jLiaîviu. — àiacpîapaiva (Eschyle) serait né par étymologie populaire.

En raison des difficultés morphologiques que présente le type usas — auujç, abhi — à|Liqp(, etc. (v. p. 261 seq.), il n'est guère possible de déterminer la nature du son que pouvaient avoir dans la langue mère les phonèmes initiaux de ces formes. On peut supposer à tout hasard que la voyelle faible ^ (p. 167 seq.) précédait la sonante, et qu'il faut reconstruire ^usas, ^mhhi, etc.

Les formes comme à|acpi, ô|Lippoç et ôqpiç nous amènent à des cas analogues qu'on observe sur certains groupes à nasale médiaux. Avant tout: gr. eÏK0(Ji et iKàvTiv (Hes.) = skr. vimçàti. Cf. ô(piç et anguis = skr. âhi. Le second élément de eÏKOcri prend la forme -kov- dans TpiaKOvra^ (skr. trimçdt) — cf. 6}i^poç: abhrâ — ; il n'accuse dans éKttTÔv qu'une nasale sonante ordinaire, et reprend la couleur dans biaKÔCioi. Si d'une part certains dialectes ont des formes comme fÎKaTi, en revanche beKÔiav et éKOTÔ)iipoia (p. 96) renforcent le contingent des o^. Enfin le slave n'a point «sefo» (cf. lit. szimtas), mais sûto. — Un second cas relativement sûr est celui du préfixe ô- alternant avec à-^ (cf. eKarôv : biaKÔO'ioi), dans ôirarpoç, olvE etc., en regard de àbeXqpeiôç etc. En lituanien on trouve sq-, en paléo- slave sq- (sqlogû : dXoxoç); l'équivalence est donc comme pour ôqpiç : qzî^.

Ces faits engagent pour le moins à juger prudemment certains participes qu'on s'est peut-être trop pressé de classer parmi les formes d'analogie, en particulier ôvt-, îovt- et ôbovT-. La singularité de

��1. Nous ne décidons rien quant à l'analyse de TptoKoaTÔç (trimçattamâ).

2. Cf. p. 96.

3. Non pas à-, lequel est forme faible de év- (p. 34).

4. Autres exemples possibles d'un o de cette nature: Ppôxoç, cf. got. vruggo; OTÔxoç, comparé par M. Fick au got. slaggan; Koxibvri, cf. skr. gaghâna de (}amh (d'où jàhghâ «gamba»); irôdoç à côté de iradeîv (cf. p. 98); àpjLiôZuu de âpfia, etc. *

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