Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

262 LE TYPE usas — aOu)Ç CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE.

toutes les autres racines et obéissant, au moins en apparence, au mécanisme habituel.

Premier cas. Dans la forme forte l'a précède la sonante. — A côté de àhati (pour *ahâti) ■= lat. ango, on a le thème en -as kvçûias^ et à côté de abhrâ, âmbhas. L'identité de uJcsâti et aûHuu fait sup- poser que l'w. de ugrà, dont la racine est peu différente, serait au dans les langues d'Europe, et qu'on doit lui comparer lat. augeo, got. auka; or il est accompagné des formes fortes ôgas, ôglyas. Semblablement usas (= auuuç) est lié au verbe ôsati.

Deuxième cas. Dans la forme forte Va suit la sonante. — Au présent de la 6* classe uksâti (= auEiu) correspond dans la 1* classe vdksati. Au skr. ud- (p. ex. dans uditâ «dit, prononcé») répond le gr. aù5- dans aùbVî mais le sanskrit a en outre la formation non affaiblie vddati.

C'est la question de la représentation des deux séries de formes fortes dans les langues européennes qui fait apparaître les difficultés.

Reprenons le premier cas et considérons cet échange qui a lieu entre us-às et ôs-ati, ug-rd et ôg-as, abh-rd et dnibh-as, dh-ati et drnh-as. Il est difficile d'imaginer que l'a des formes fortes puisse représenter autre chose que a^. Mais, cela étant, nous devrions trouver en Europe, parallèlement à une forme faible telle que angh par exemple, une forme forte contenant e: engh. De fait nous avons en grec euiw (lat. ûro) = ôsati à côté de auui «allumer», aùaXéoç, aiiffxripôç (mots où aù((T) équivaut au skr, us, comme l'enseigne auuuç — usds). D'autre part la valeur de cet indice isolé est di- minuée par certains faits, entre lesquels l'identité du skr. dndhas avec le gr. dv&oç nous paraît particulièrement digne d'attention. Il est remarquable que l'a de cette forme soit un a initial et suivi d'une sonante, précisément comme dans àmbhas, drnhas. L'analogie

��1. aùbri ne se dit que de la voix humaine et renferme toujours accessoire- ment l'idée du sens qu'expriment les paroles. Cela est vrai aussi dans une certaine mesure du skr. vad, et cette coïncidence des significations donne une garantie de plus de la justesse du rapprochement. — Remarquons ici que l'a prothétique ne s'étend pas toujours à la totalité des formes congénères. Ainsi l'on a ûbuj parallèlement à ai)br\; i)y\r\<; en regard de augeo; ùtOôv (Curtius, Stud. IV 202) à côté de aOu), ai)aTt]p6ç. Sans doute àtro-ûpaç et àTr-aupduj offrent un spécimen du même genre. A la p. 258 nous avons omis à dessein le V. ht-all. eiacôn en regard du skr. icc'hàti, parce que le lit. j-ëskôti accuse la prothèse d'un e et non d'un a. Si l'on passe sur cette anomalie, le gr. (-ôttiç comparé à eiscôn (skr. «s-) reproduit le rapport de (Jbuj avec abbr\ (skr. ud-).

�� �