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LE SUFFIXE -T-. 351

Nous voyons souvent qp alterner avec p à la fin des racines (TTpéqpuj, (TipôpiXoç, etc.); dans la racine àXqp en particulier nous avons àXdpri «cendre» et, si le mot est grec, àXàpacripoç «albâtre» (Benfey, Gr. Wurzell. I, 52; II, 127). Il n'est donc pas impossible que àXipavTeç «les morts» qu'on lit dans Platon, Rep. III, 387 C et dans les glossaires, et qui est attesté en outre par aKxaXîpap (V. Curtius, Grunâz., p. 131), signifie proprement «pâles». Cp. le latin paîlentia régna, et les expressions allemandes er-blassen «mourir», ver-blichen «défunt».

àXip-a(vT)ç dans cette hypothèse ne serait qu'une autre forme de èXé(p-a(vT)ç, quelque étrange que cela paraisse à première vue^

riTAZ. — L'étymologie qu'adoptent Lobeck et Preller et qui fait de fi-Yavreç un synonyme de Y^-teveîç est peu soutenable, non- seulement parce que yîÇ' TH 6st une glose douteuse, mais surtout par ce que ^av-i sans métathèse pour Tvr|-T serait une forme sans exemple. — Pott a voulu identifier fiyavieç et gignentes en supposant une forme première *YiYvavTeç, mais il est difficile d'admettre la disparition du v.

Il faut réunir selon nous fÎYavTeç et le lat. vigeo à la racine giv d'où sont sortis en skr. gtvâmi «vivre», en grec pî^oç et tàixi == *Yiauj, en lat. vivo = *guîvo.

Le sens de vigeo ne s'oppose point à cette combinaison. On sent percer dans ce mot l'idée de plénitude des forces vitales et quand Virgile dit (Aen. VI, 730): Igneus est ollis (hominibus, pe- cudibus) vigor et caelestis origo, nous sommes en plein dans le sens du skr. giva: «das Lebensprinzip, die individuelle Seele» Dict. de Pétersb. Le sanscrit ginvâmi «être animé, remuer», dans le sens actif

��1. La même racine àXqp, àXip donne peut-être la clef de la glose: ftXiZa' i\ XeÙKTi Tiûv bëv&puiV MoKcbôveç. Le sens du mot f] \€i)KY\ n'est pas très-clair; il s'agit probablement d'une maladie de l'écorce des arbres. M. Fick (Journ. de Kuhn, XXII, 197) tire a.\\Z.(x de la rac. U dans linere, àXîvai et place âXiZa à côté de àXiZuj" àXeîqpeoOai. Mais tant ({u'on ne citera pas un second exemple d'un subst. en -Zo -ta. en regard d'un verbe en -Zw, il sera permis de douter de la justesse de ce rapprochement. Pour ramener dXiZa à àXiP qui est dans àXîpaç, il n'est pas besoin d'admettre une forme première àXi^ia et un cas de zétacisme labial comme on en trouve un dans XdZojLiai = XaPi/o|Liai, car le macédonien montre Z pour p (voy. Fick, loc. cit., p. 207). — Quelle que soit la signification exacte de n XeÛKrj chez Hésychius, il est évident que ûXiZa lui étant synonyme dans le sens général de Hanc pourra se prêter aussi bien que lui i\ l'emploi spécial qui lui est donné.

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