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354 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -CO.

verbe en -?'a, malgré le parfait torsi et le supin tortum; et d'autre part |Lieîpo|Liai indique que mereo est un verbe en -ja, malgré merui et meritnm.

La raison de cette diversité des verbes en -ja en latin demeure donc cachée. S'il fallait néanmoins émettre une présomption quel- conque à ce sujet, nous hasarderions l'idée que l'accent a pu jouer un rôle dans cette circonstance comme en beaucoup d'autres. Nous voulons ajouter toutefois que cette supposition est née pour ainsi dire du désir de faire de l'ordre et que partout où les faits pa- raîtront en désaccord avec elle, nous omettrons de chercher longue- ment l'explication d'une telle anomalie. C'est, avant tout, le fait lui-même et non sa cause que nous devons chercher à démontrer. Voici l'hypothèse d'où -il faudrait partir: les verbes de la classe en ■ja dont le sens était neutre avaient primitivement l'accent sur la caractéristique. Les verbes à sens actif de la même classe accen- tuaient soit la racine, soit la caractéristique, sans règle fixe.

Par verbes à sens neutre, nous entendons non-seulement les verbes intransitifs, mais encore ceux des verbes transitifs qui renferment une idée de passivité ou qui indiquent un état de l'âme', p. ex. patior, ^ cupio.

Examinons d'abord la 4* classe verbale du skr., qui forme les temps spéciaux à l'aide de la syllabe -ja et dans laquelle l'accent repose comme on sait sur la racine. On est bien fondé à regarder, au moins dans le plus grand nombre des cas, cette accentuation comme postérieure: la 4* classe présente ordinairement les racines sous leur forme la plus faible; on a par ex. hrsh-ja-ti et non harsh' ia-ti, et ce fait serait inexplicable si l'accent avait dès l'origine frappé la syllabe radicale. On admet donc qu'il se trouvait pri- mitivement sur la caractéristique, ce qui, dans notre hypothèse, ne s'étend cependant pas aux verbes actifs ^ Si ces derniers montrent comme les verbes neutres la racine affaiblie, c'est apparemment par un effet de l'analogie.

L'accentuation du passif, où la tonique repose constamment sur la syllabe ja, a ici son importance. Le passif n'est en effet qu'une extension du moyen de la 4* classe (Delbriick, Altind. Verb., p. 168), et naturellement seulement des verbes neutres de la 4* classe. Nous trouvons là à la fois un dernier ténooin de l'accentuation des

��1. Les verbes actifs accentuaient foit la racine, soit la caractéristique: V. jilus haut.

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