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392 LES ORIGINES INDO-EUROPÉENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS.

Néanmoins, lorsqu'en 1820 il se rendit à Paris pour y pour- suivre BPS études, la philosophie l'absorbait plus que toute autre chose. 11 y arrivait au moment où la commission de l'Instruction publique suspendait Cousin de ses fonctions à la Sorbonne; il ne s'en lia que plus étroitement avec le jeune apôtre de l'éclectisme; ses lettres respirent l'enthousiasme pour l'éloquence de Cousin, pour »es idées et pour son plan de régénération de la philosophie en France. Cousin, de son côté, associe d'emblée le jeune Genevois à ses travaux, et lui propose de l'aider à fonder une revue de philo- sophie, projet qui ne s'est d'ailleurs jamais réalisé.

Au centre des préoccupations intellectuelles de Pictet, la théorie du Beau prend déjà une importance prépondérante: dès 1822, il avait rédigé les fragments d'un traité sur ce sujet. L'esthéticien s'entlamme naturellement aussi pour toutes les questions littéraires, alors si ardemment débattues. Il s'initie aux littératures étrangères. Sur ce terrain, la connaissance personnelle de Guillaume de Schlegel lui ouvre bien des perspectives neuves, et en particulier lui révèle l'Orient indou, dont le savant professeur de Bonn était alors pre^fjiK^ seul en Europe à connaître les secrets. C'est sans doute à cette époque que Pictet aborda l'étude du sanscrit, et que ses recherches esthétiques et littéraires lui fournirent ainsi le fondement de son éducation linguistique.

Un séjour qu'il fit ensuite en- Allemagne lui permit de faire la connaissance de Gœthe, de Hegel, de Schleiermacher, et de Schelling, qui a toujours été son philosophe de prédilection.

En 1823, Pictet se trouvait à Edimbourg: la controverse .sur l'authenticité des poëmes d'Ossian et une grammaire irlandaise qui lui tombe sous les yeux éveillent son attention sur les dialectes celtiques de la Grande Bretagne. Il les étudie, et reconnaît aussitôt leur parenté avec les langues classiques et avec le sanscrit; il constate en même temps la non-parenté du l)asque, qu'on avait l'habitude de réunir à ces idiomes.

Ce n'est cependant qu'en 1887 que parut, le mémoire intitulé De l'affinité des langues celtiques avec le sanscrit, mémoire qui obtint le prix Voln«^y, et qui établit, avant Bopp (dont le travail sur la même matière est de 1839), qu'il fallait joindre tout le grand rameau des Celtes au tronc indo-européen. Les études celtiques constituent, à l'heure qu'il est, en France, en Allemagne et en Angleterre, une science organisée et prospère, mais l'un de ses représentants les plus connus, M. Whitley Stokes, a pu saluer k bon droit, en notre corn-

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