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LES FORMES DU NOM DE NOMBRE «SIX»
EN INDO-EUROPÉEN.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 73. — 1892.)

Le gutturale qui forme le premier élément du zend y^svas est regardée par M, Ch. Bartholomae, dans son Handbuch der altranischen Dialekte, § 270, comme une sorte d'excroissance récente, dépourvue de valeur étymologique: le primitif aurait commencé tout simplement par s {swnTc^s, appuyé de la mention «grec /eH»). Il est cortain que dans quelques cas exceptionnels x devant s se présente comme un son parasite[1]; mais pourquoi suspecterait-on le x du mot Xsvas? Si c'est au nom des formes d'Europe, comme on le donne à entendre, l'argument est malheureux, car il faudrait préalablement avoir expliqué ces formes, et pour les expliquer je ne vois de res- sources et de salut que dans le x zend qu'on s'efforce de bannir. Par lui, nous obtenons un groupe à triple consonne, groupe où on sait que la suppression d'un élément n'est plus anomalie, mais fait normal, surtout quand les trois consonnes étant initiales n'ont pas la liberté de se répartir sur deux syllabes. Aux différentes langues qui auront reçu le prototype '^'■k^sivek^s on ne peut légitimement demander compte que de deux consonnes sur les trois qui s'y succédaient. Or la simplification pouvait s'accomplir de trois manières :

k s w e k s

l""^ solution : * s w e k s

2^ solution : k s * e k s

3» solution : k * w e k s

Cette combinaison qui rétablit l'ordre et l'accord entre toutes les formes du nom de nombre six, revient essentiellement à soutenir qu'il n'existe nulle part un type <iseks*. Ce type imaginaire crée

  1. Encore faut-il noter qu'on .trouve bien \§- pour une sifflante destinée de toute façon à rester sifflante en zend, par exemple x*- équivalent de s- dans Xsi/aoQna- conr;urremment à syaoQnn- (skr. ci/autna-), ou xs- équivalent de s- dans xslâ- concurremment à stâ- (skr. sthd-); — mais non, semljle t-il, jjour des s qui donneraient h à l'état régulier.