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LES FÉMININS EN -M DU VIEUX PRUSSIEN. 447

créées. Le nominatif gaîlû «la tête» (lire galû), sorti de *gahvu pour

  • gahcâ (lituanien galvô-), avait régulièrement ' pour accusatif gahvan^,

et c'est ce qui pouvait fort bien induire la langue à tirer de mergu (pour *i)iergâ^ lit. tnergô-) un accusatif mergwan, en concurrence de la forme primitive mergan également attestée. Si l'on considère la rareté des groupes kv gv en letto-slave (conséquence de la rareté des groupes fcg?^ 5^3^ en indo-européen), jointe au témoignage du lituanien qui ne connaît rien de semblable à mergvo- ou au suffixe •iskva-, on sera tenté de regarder cette hypothèse comme la plus probable.

L'action des gutturales et labiales sur la voyelle suivante s'étend en vieux prussien beaucoup au delà de ce qui concerne l'a. Nous n'avons pas l'intention d'entrer dans cette étude, et nous nous bor- nons à remarquer que les nombreux exemples de m pour ce qui est en lituanien a (cas particulier oi pour ai) se rencontrent exclu- sivement après labiale et gutturale: hirumi, gmitivei, asmns, quci^ pirmoi, etc.

��1. Les formes comme galwan (qui par hasard ne nous est pas parvenu), ou mei-gwan, posent une nouvelle question phonétique, en ce que l'a n'y est pas changé en û. Il faut admettre que devant une nasale de la même syllabe, le timbre clair persiste (cf. toutefois maiggun et autres exemples). C'est ainsi qu'en lituanien l'obscurcissement spontané de â en ô ne se produit pas dans ce même cas: mergonûs mais mergq. Le génitif galwâs dans galtvasdelltkei ferait croire qu'il en était de même en prussien pour un â suivi d'une consonne quel- conque dans la même syllabe.

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