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478 TERMES DE PARENTH ClIKZ LKS ARVAS.

dirait qu'il y a eu une cause de rupture plutôt qu'une sub- stitution lente.

Cliez les Latins, les firves Arvales avaient gardé le mot frnter oomnie nom de parenté en même temps que de corporation, l^e cousin germain, dans le sens de «fils du frère de mon père», se disait frater patruelis, et même tout sir>iplement frafer, ainsi qu'il est facile de le voir par les exemples du dictionnaire de Forcellini: ceci indique qu'à l'origine tous les fils de frères étaient considérés comme frafres et témoigne d'une parenté par classe (phratrie) ou d'une parenté telle que la constituait la polyandrie entre «frères». Quant au terme de consohrimis, qui signifie également cousin germain, il rappelle l'idée de descendance par les femmes^, comme dbeXqpôç et KacrÎYViiTOç.

Ce dernier terme, qui chez 1rs Grecs désigne également le frère du sang, est composé de Kà(Jiç et de T^n^oç : TvnTOÇ est identique à 7iâtHs (pour gnâtus, qui est resté dans co-gnàius) ; quant au premier terme Kadi, il procède d'un KacTiç préhistorique, perdu partout ailleurs que dans KacTÎYvriTOÇ. Le sens de ce Kàcriç primitif aurait pu être par exemple celui de beXqpûç, malrice: mais ici, il faut avouer que nous en sommes réduits aux conjectures et qu'aucune comparaison avec les langues parentes ne nous éclaire sur la nature de cet élément,^

Le mot indo-européen nepbts a une singulière histoire. La branche asiatique des langues indo-européennes s'accorde avec le latin primitif pour n'attribuer au mot en question que le sens de petit-fils ou descendant direct. Il en est ainsi pour le sanscrit nâpat, pour le vieux perse napû. Dans la grande inscription de Behistân, Darius se dit fils de Vistâçpa, petit-fils d'Arsâma, Arsâniahyâ napâ\ nous sommes informés aussitôt après qu'Arsâma était père de Vistâçpa.

Or en regard du sens exclusif de petit-fils ou rejeton direct, constaté pour le latin et les idiomes d'Asie, nous trouvons, exclu- sivement aussi, le sens de neveu ou de parent indirect, en grec, en

��1. Conmhnnus est un dérivé de soror: noror est pour sofior (sanscril smsnr), et sobrinus pour sosrinus. En vertu de certaines lois phonéti(|ues, s latin enirc deux voyelles donne toujours r, et s latin placé entre voyelle et ;•, donne tou- jours b.

2. 11 existe chez les trai,'i(}ues un mol KÔcnç frh-e dont on suppose trop facilement (jue KaaÎTvnToç est le dérivé, sans expliquer comment frafre iinlns arrive à signifier frater. Le Kclaiç des trayicjues fait tout au contraire l'iin- |ire«sion de n'être (ju'une abréviation diminutivc de Kaai^vriTo; (comme "A^eEiç pour 'AXfe'Eavbpoç), et le Kdoiç antique i\\\\ l'orme le premier meml)re de kooi- •fvriToç reste un mot inconnu sm* locpicl les conjectures peuvent s'exercer.

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