Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/503

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2. Sans qu'il y ait emprunt, le dictionnaire lituanien est par- ticulièrement riche en mots de toute espèce dont l'origine, quelle (lu'elle soit, est évidemment peu ancienne. Quand o v fi y u figu- rent dans un de ces radicaux éirangers au fonds primiiif, nous ne prétendons point que la règle s'applique: au contraire, on leur trou- vera souvent (même ordinairement) dans ce cas l'intonation douce, et c'est ce qui rend encore plus frappant le traitement régulier des longues de vieille date. Ainsi, dans les verbes comme czoèti «glisser», knoldi «grogner», finiokfiti «souffler bruyamment», qui se dénoncent comme modernes, par leur aspect seul ou par l'absence de corres- pondants dans les langues parentes, l'intonation de la voyelle radi- cale peut être (|uelconque (on a, en fait, dans les exemples cités, czoèti, kriokfi, Jhriôkfiti).

3. Une autre série de o r n y u doivent leur existence à des innovations projn-ement grammaticales, à la création de formes ou de catégories de formes nouvelles au sein des anciennes racines. Or la voie par laquelle un nouvel o r, etc. a pu surgir dans la langue est indifférente: il suffit qu'il aoit postérieur à une certaine date pour que la loi ne s'appliiiue pas. Il est en outre immédiatement évident que l'intonation de ces nouvelles couches de voyelles longues ne sera pas nécessairement sans règle intérieure, mais que nous n'avons ici à nous en préoccuper que par le côté négatif, pour dé- l)arrasser la loi de stôti d'éléments qui ne la concernent })as.

Les exemples à' écarter ainsi seraient ])resque innombrables, et il faut se contenter d'en citer un ou deux, choisis au hasard.

\jû de pàti, pésiu «pourrir», Vy de gyti, gysiii «guérir» sont de vieilles voyelles longues, qui doivent tomber sous le coup de la loi, et qui offrent, en effet, l'intonation attendue. Mais le a y des pré- sents piivîi, gyjii, qui fait partie de formes incontestablement hysté- rogènes (le type même étant inconnu à l'origine), est placé par sa date hors de la portée de la loi. Qu'il offre l'intonation rude, ce n'est pas à la loi primitive qu'il le devra; ((u'il offi-e l'intonation douce, comme c'est le cas (3® prés, pùva, gyja), ce n'est pas davan- tage une infraction à cette loi.

Autre exemple. Lorsqu'un e (e) apparaît dans une racine qui

i pour voyelle fondamentale c, c'est le signe que cet ê ne saurait

pi étendre à une antiquité bien haute; car, à i)art deux ou trois cas spéciaux (allongement du nominatif, allongement de l'aoriste sigma- tique, etc.), ralternance e — e n'est pas indo-européenne.^ &i donc

1. C'est (lu moins ce que nous avons toujours .soutenu.

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