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494 A l'ROPOS DE 1,'aOCENTUATION LITUANrKNXE.

on trouve l'intonation douce à un <• comme celui de drpt^, cacher, rac. sUp- (slepiù), Irkfi, voler, rac. lëk- {lekià), il n'y a rien là qui puisse ni étonner, ni ébranler la règle. En regard de ce cas, il suffit, peut-on dire, de prendre au hasard une racine comme hcg- (où Vé n'alterne jms avec c) pour constater qu'elle porte régulière- ment l'intonation rude, caractéristique des è anciens, he(/fi, hrëkfiti, r(rekii, grâéti, r/irbfi, mcf/fi, plrkfi, jjlrJJIi, slè'f/ti, vrsti, <lëti. sëti, speti, et de même ësfi, sësti^ stcgti.^ Pour la même raison de postériorité, la voyelle longue qui apparaît, par exemple, dans dakrà, ace. ânkrq en regard de dukte «fille»; dans brbrus, dialectalement bebrus, vebras «castor>, indo-europ. 'Hjhëbhrus; dans rsame, rsqs, anciennement et dialectalement esanie, esqs, ne concerne ni de près ni de loin la règle de dëfi. Ainsi de suite pour une série de cas dont nous n'avons voulu qu'indiquer la présence.

Cas où l'intonation seule est postérieure:

Les trois genres d'«exceptions> que nous venons de distinguer ont ceci de commun, qu'il s'agit de voyelles longues dont l'existence même est récente, qui, dès lors, n'ont été soumises à aucun moment à la loi qui avait fixé l'intonation de stôfi. Tout autre est le cas des formes qui, offrant depuis l'origine une voyelle longue, ont, après coup, kexvei^sk i/txtonation PRi:\nTivK de cette voyelle. Ce phénomène, auquel on peut donner le nom de métaïonie, joue un rôle essentiel pour toute la théorie des intonations et en constitue un des plus vastes et des plus difficiles chapitres. 11 est nécessaire d'indiquer brièvement quelques-unes des limites où il semble pou- voir être enfermé: .

A. Les causes de métatonie sont probablement diverses, et sans aucun rapport entre elles, selon les cas dont il peut s'agir. Nous montrerons, sans pouvoir aborder la question dans le présent travail, que dans plus d'un cas cette cause est phonétique. Aussi le nom de métatonie — avec l'unité qu'il implique — est-il purement pro- visoire. Il nous sert à désigner tout changement d'intonation dont le principe n'est pus encore clair, et dont le résultat, en attendant, se traduit à nos yeux p^r une alternance de l'intonation (caractéris- tique de certaines classes de formes, comme toutes les alternances);

��1. Les deux dernières racines (en laissant de côté êsfi dont le cas est distincO reposent étymoloqueinent sur mi- steg-, mais ont passé entièrement dans l'ana- logie du type hég-, formant même sfôgas et sodinti, comme I>ngln1i. En adoptant par des causes inconnues le vocalisme du type licg-, elles en ont pris aussi l'intonation.

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