Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/577

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I.KS .\UM> i,UKi.> K.\ -IIVOÇ KT f.K l'HUVl.lK.S. ofiT

de Ei|arivr| que Strabon (lui-mèrne originnire de ces lieux) donne à une contrée siituée dans le proche voisinage d'ICuyuk, au nord-ouest, mais je crois en général à l'existence en phrygien d'une finale comme -««, qui a eu pour particulier destin d'enfanter toute l'immense classe des noms grecs comme TTepyaiu-rivôç. Une digression sur ce point sera permise, vu le sujet traité:

1. Chaque langue forme en général les ethniques «étrangers^» sur le modèle des siens propres: Berlin-ois, Viennois sur Bernois, et Aiheniensis, Megar-ensis sur Osti-ensis. La terminaison étrangère (le -er de BerUner. le -eûç de Mexapeùç) n'étant pas même toléi-ée quand il s'agit des exotiques, il s'en faut encore plus, en général, qu'elle puisse être spontanément empruntée i)our former des noms de nationaux. Cependant le grec n'a pas craint de donner, même à des Hellènes, une terminaison qui n'est pas grecque dans KuZiiK-nvôç, Aa|avjjaK-r|VÔç, TTpiaTT-rivôç, TTepTctia-rivôç, Kapbi-âvôç, Me(Ji-||Li(3pi-âvdç, etc. Le fait n'est pas prouvé par le voisinage des Zapbi-rjvoi, Aa)iia(Jic- iivoi, puisque les barbares peuvent toujours (d'après le principe même posé plus haut) porter en grec des noms de fabrication grecque (cf. Piu)aaîoç); il est prouvé en revanche par le fait qu'aucune cité grecque de Grèce ne forme ainsi son ethnique, et que par conséquent, quoi qu'il faille penser au juste de Zapbirjvoi, qui peut être fait sur KuZiiKnvoi', il est avant tout certain que les Cyzicènes n'avaient pu tiouvcr dans la langue grecque le prototype de leur suffixe.

A l'autre extrémité du monde grec se présente du reste un cas d'emprunt tout analogue dans le nom des MeTairovTÎvoi, TapavTÎvoi, PriTÎvoi, "EpuKÎvoi, "AKpaTCiVTÎvoi, etc.; — toujours appuyé sur la même preuve, qui est la seule possible, de l'absence du suffixe en Grèce. Ce n'est pas en efifet Latïni, etc., qui pourrait rien éta})lir sur MeTanovTÎvoi si les Grecs employaient par ailleurs le suffixe -îvoç, au lieu que le fait contraire prouve l'emprunt même sans Latîm.^

��1. Sur les deux points de fait que -rivôç d'une part. -îvoç de l'autre, n'existent pas en Grèce, la discussion des cas apparents exigerait une dissertation dont il semble inutile de surcharger cet appendice. Bien souvent le résultat serait franchement confirmatif au lieu du contraire. En Thessahe vivait une tribu pélasge, les TTXoKirivoi. D'où vient-elle? De l'Hellespont. Sur les marchés de Grèce se vendait une espèce de châtaignes dite \euKr]va{. D'où provient cette denrée V De AeÛKa, localité située sur les pentes de l'Ida Mysien. Hérodote cite près des Thermopyles le bourg d"A\TtTivo(: ce n'est pas un nom ethnique, c'est un nom de localité comme 'AGfivai, sauf l'accent, et de même une ville comme

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