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598 ADJECTIFS INDO-EUBOPÉENS DU TYPE CAECUS «OVeugle^ .

(paûXoç, s'il est pour *q)aX/oç, concorde avec anglo-saxon balu mauvais, criminel, prototype *hhalwos. Soit kalwos (ou skalicos) chauve, soit %albos, bègue, barbare, paraissent être de très vieux mots d'après skr. khalvata-s, barhara-s, gr. pdpPapoç pour *Pa\p-.

Brièvement, à l'occasion de ce dernier mot, notons la fréquence chez nos adjectifs d'une sous-forme en aros. Dès l'origine il y a

  • bnlbos et *balbaros. De même aûoç = *sausos s'accompagne de

(Tauaapôç, et caeciis, s'il a réellement un congénère hindou, le trouve dans kêkara-s (aveugle). D'après lat. caelebs et skr. këvala-s il a existé un *kaiivalos «solitaire», qui pourrait, pareillement, n'être que le satellite d'un '■'^kaiwos perdu; toutefois il .s'agit ici d'un l et non de r.

Bien qu'il faille nécessairement l'aide du grec ou du latin (c'est-à-dire de la distinction que ces langues font de Y à par oppo- sition à o) pour reconnaître un mot quelconque de notre série, il peut arriver que leur témoignage indirect suffise, comme quand l'adjectif got. luimfs (estropié) manque au grec et au latin, et que cependant, grâce à Ka|a7TÙXoç, KàjUTiTUJ, nous sommes en état de ré- tablir *kanipos avec a, type (JKa|apôç. Pour pouvoir juger convenable- ment de l'étendue de la série primitive, il faudrait faire entrer en ligne de compte ces cas; sans oublier en même temps qu'il y a toute une partie de la série qui nous échappe forcément: savoir les mots dont l'aire géographique ne touche pas du tout l'Italie ou la Grèce. Le germanique est particulièrement riche en formes, comme Haipa-z (ail. leid) ou *saira-z (blessé, souffrant), dont on peut soup- çonner qu'elles dépendent de la série caecus, mais naturellement sans qu'il y ait désormais un moyen de prouver Vai {au, etc.) qui les a caractérisées peut-être.

Enfin des substantifs comme lat. caenum peuvent facilement renfermer d'anciens adjectifs de la série caecus qu'ils dérobent à notre vue, et il n'est pas nécessaire pour cela qu'il s'agisse d'un neutre. Il semble que précisément les adjectifs dont le sens offre une nuance «pathologique» aient une tendance curieuse, en diverses langues, à passer au masculin quand ils prennent l'emploi substantif. On a ainsi, en grec, ô a»XPOç pâleur, ô Kpaûpoç maladie des bestiaux, ô Kpd|LiPoç maladie des fruits, ô PpcxTXOç enrouement, ô Xr|9apY0ç léthargie, des adj. ùjxpôç, Kpaûpoç, Kpà|uPoç etc. Cf. ô dXqpôç tache blanche sur la peau, de *albhos blanc. Des exemples semblables se remarquent en germanique (krampf donnant der Krampf, etc.). Aussi, bien (jue masculins, des mots comme lat. naenis, v. lat. tnihis.

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