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tandis que la terre tourne

En un coin et son œil surveille l’agnelage.
Tout un pré desséché compose le fourrage
Des chevaux hennissants aux naseaux onctueux
Qui piaffent, rêveurs des grands horizons bleus.
La lucarne arrondit l’azur de sa prunelle
Annonçant que le jour sur la terre ruisselle,
Qu’il fera bon fouler des mottes sous son pied
Et que le chat se lave assis sur l’escalier.
Au dehors, c’est le temps que le blé roux épie,
Avec un soin nouveau la faucille est fourbie,
L’abeille a deviné ce massacre des blés
Et les frôle en passant de baisers envolés.

Suspendons la rosée au fil de l’araignée,
À la branche nombreuse et de rayons baignée,
Marions l’alouette au matin et chantons
Tandis que va craquer le corset des boutons,
Tandis que sur son nid pour l’hymne qu’il déferle
Dans sa gorge un oiseau fait trépigner des perles
Et qu’un lourd papillon par l’amour affalé
Rebondit sur le sol en semant son duvet.