Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
tandis que la terre tourne


J’eus beau te donner sur ma bouche,
Butineuse dès le matin,
Le pollen où pétrit la mouche
Et l’odeur piquante du thym ;

J’eus beau cueillir pour ta retraite
Des rameaux avec leur azur,
Des nids où la ponte était faite,
Des lézards sur leur pan de mur.

Du monde où passe la lumière
Je ne t’offrais que les reflets ;
Et ton œil ouvrit sa paupière
Et ta main poussa les volets.

Te voilà hors de l’alvéole,
Petite abeille de ma chair ;
Je suis la ruche sans parole
Dont l’essaim est parti dans l’air.