Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
l’âme en bourgeon




*



Maintenant il est né. Je suis seule, je sens
S’épouvanter en moi le vide de mon sang ;
Mon flair intérieur furète dans son ombre
Avec le grognement des femelles. Je sombre
D’un bonheur plus puissant que l’appel d’un printemps
Qui ferait refleurir tous les mondes des temps.
Ah ! que je suis petite et l’âme retombée,
Comme lorsque la graine ayant pris sa volée
La capsule rejoint ses tissus aplanis.
Ô cœur abandonné dans le vent, pauvre nid !